mardi 26 décembre 2017

Tu fais quoi dans la vie ?

quand on ne sait pas ou l'on va

"Et donc toi, tu fais quoi dans la vie ?"


Pffff et voilà, ça recommence. Qu'est-ce-que je vais bien pouvoir dire ?
Vous le sentez arriver là, ce long moment de solitude rien qu'à l'idée de répondre ?

Beaucoup d'articles et de vidéos sur le sujet s'insurgent sous prétexte que l'on voudrait nous coller une étiquette sur le front, nous enfermer dans des cases. Ils prétendent que celui qui pose cette question essaie de nous réduire à notre métier. Et concluent que nous ne nous définissons pas en fonction de ce que nous faisons.

Ha bon ? mais bien sûr que si.
En partie, nous sommes ce que nous faisons. Et ça ne doit pas être un problème.

Voici pourquoi cette question est constructive, pourquoi elle est bonne pour vous et pourquoi elle n'est absolument pas réductrice.

Un long moment de solitude.


Régulièrement, moi aussi j'y ai droit : "et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?"
J'hésite entre "je fais de mon mieux", "je fais ce que je peux" ou "je faiblis" (oui, je peux le faire) pour finir par répondre simplement : je suis graphiste (même si je fais plein d'autres choses).
Enfin, simplement, c'est vite dit... car face à moi, trois profils :
- Celui qui sait parfaitement de quoi il s'agit (plutôt rare).
- Celui qui croit parfaitement savoir de quoi il s'agit (fier comme un bar-tabac).
- Celui qui ne sait absolument pas de quoi il s'agit (l’œil aussi vif qu'un poisson mort).

Un graphiste c'est quoi ?
Non, ce n'est pas quelqu'un qui dessine (bon-sang comme j'aimerais avoir ce talent !) des petits bonhommes pour des BD.
Non, ce n'est pas non plus quelqu'un qui peint (avec un certain génie) les murs du quartier à grands coups d'aérosols.
Un graphiste, c'est un professionnel de l'image qui conçoit des solutions de communication visuelle.
OK, j'avoue, ce n'est pas beaucoup plus clair. Disons, que c'est un spécialiste de la création d'images et messages publicitaires. On peut aussi l'appeler infographiste ou webdesigner. Il conçoit logos, cartes de visite, affiches, flyers, site internet...

Soit il est salarié au sein d'une entreprise, soit il travaille chez lui pour son propre compte.
Pour ma part, après 25 ans de bons et loyaux services, j'ai choisi de quitter le confort ergonomique d'un fauteuil de "ministre" avec le bureau et le salaire qui vont avec, pour un statut indépendant avec chaise bancale et petit bout de table (petit certes, mais cosy... la déco c'est mon dada) dans un coin du salon.

A ce stade de la conversation, deux réactions aussi spontanées que sonores :
L'enthousiaste : waouhhhh la chance ! Tu bosses chez toi, tu es libre de faire ce que tu veux (et tous les clichés qui vont avec).
La déprimante : waouhhhh t'es folle ! T'as vu la concurrence ? c'est la galère... le secteur est complètement bouché... les clients sont "biiiip"... aujourd'hui tout le monde peut faire son propre logo... c'est beaucoup trop cher etc... etc... etc...

Inutile de vous dire que je dois être psychologiquement bien armée pour garder la tête froide, ne pas faire marche arrière en allant gratter à la porte de mon ancien patron, le suppliant de bien vouloir me reprendre.

C'est là que les choses croustillantes commencent.

Pourquoi cette question "tu fais quoi dans la vie" vous perturbe ?


A ce moment précis, si je ne m'étais pas déjà maintes fois remise en question, si je n'avais pas fait le point sur mes choix, mes envies, mes projets, mes rêves, sur le sens que je veux donner à ma vie, il est certain que je serais très mal à l'aise face aux réactions suscitées par ma réponse.

Pourquoi refuser le fait que vous puissiez aussi vous définir en fonction de votre activité professionnelle ? Parce que vous n'aimez pas votre métier ? Parce que vous en avez honte ? Parce que vous n'assumez pas votre situation ?

Affirmer que celui qui pose la question, veuille vous réduire à votre métier, ça s'appelle "juger autrui". C'est tout aussi réducteur.
Votre interlocuteur n'a sans doute aucune arrière pensée. Il veut juste engager la conversation et ce n'est pas toujours facile de trouver un sujet de conversation, alors il va au plus conventionnel.

L'important n'est pas le sujet lui-même, c'est ce que vous allez en faire.
Tout comme, la vraie question n'est pas "ce que l'on fait dans la vie" mais "comment on le fait" ? C'est en cela que nous sommes ce que nous faisons.

Et donc, obligatoirement, si vous n'êtes pas en phase avec cette partie de votre vie, vous n'avez pas envie d'en parler et encore moins d'être relié(e) à votre profession.

Pourquoi votre réponse et les critiques vont vous aider ?


Répondre à cette question demande du courage, de l'honnêteté, de l'humilité. C'est comme se regarder dans le miroir et accepter ce que l'on voit... ou ne pas accepter. Vous pouvez tourner la tête, ça ne changera rien.
Si cette question vous dérange... ce n'est pas la faute de celui qui pose la question. Vous seul(e) êtes responsable de votre malaise.

Interrogez-vous sur votre embarras : pourquoi n'ai-je pas envie d'être assimilé(e) à mon métier ? qu'est-ce que je peux faire pour changer ça ?
C'est peut-être le moment pour vous de mettre cartes sur table, de faire le point sur votre vie et trouver les solutions pour être en accord avec ce que vous faites et qui vous êtes.
Vous voulez un peu d'aide pour commencer le travail ? soyez authentique, assumez vos défauts, vos faiblesses, vos différences, considérez-les avec bienveillance et transformez-les en atouts.

Quant aux critiques et autres objections, il est important de distinguer critiques constructives ou pas.
Votre interlocuteur est-il objectif et logique ou bien est-il guidé par des émotions qui ne vous concernent pas ?
En d'autres termes, ses arguments évoquent-il des points auxquels vous n'avez pas pensé ou sont-ils animés par ses propres peurs ou simplement par sa jalousie ?
Dans le 1er cas, il convient de remédier au problème. Dans le second cas, les blocages des autres ne vous appartiennent pas et ne doivent pas vous empêcher d'avancer.

L'avis des autres n'est que la vie des autres.


Faire face aux regards ou aux critiques d'autrui est loin d'être évident, c'est clair.
Pourquoi y accorder autant d'importance ? Quoique vous fassiez (ou pas), les gens ne s'arrêteront pas de critiquer, de donner leur avis, même si vous ne leur demandez rien.

Steve Jobs disait : "Ne laissez pas le bruit de l'opinion des autres, noyer votre propre petite voix intérieure".

Mais faire face à son propre regard, c'est une autre histoire.
Soyez fier(e) de ce que vous faites et de qui vous êtes... si ce n'est pas le cas, trouvez le moyen de changer les choses pour vivre en accord avec vos valeurs.
Non ce n'est pas facile, oui ça fait peur, mais la peur est mauvaise conseillère. Pensez à tout ce qu'elle vous a empêché de faire jusqu'ici.

Souvenez-vous : ce n'est pas ce que vous faites qui compte, c'est pourquoi et comment vous le faites. Et c'est important pour vous, pas pour les autres.

Nous passons une grande partie de notre vie à exercer notre métier... si nous faisions en sorte de bien le vivre ?



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